Faty Kane

10 jours passés et toujours pas de sujet.

cc Mondoblog

La formation Mondoblog 2013 s’est tenue à Dakar dans la semaine du 7 au 13 avril dans la capitale Sénégalaise. Mon lieu de résidence depuis maintenant 23 ans. (Pour ceux qui pensent que ce chiffre correspond à mon âge, ce n’est pas le cas). Une bonne dizaine de jours après le départ de la cinquantaine de mondoblogueurs et une moyenne de trois articles pondus par les plus inspirés, je n’ai toujours pas réussi à trouver ne serait-ce qu’un sujet… enfin presque…

Ziad Maalouf a eu la « bonne idée » de nous imposer un thème. Je répète « imposer » car il a pris la peine de bien faire comprendre à ceux qui n’étaient pas inspirés (ne voulaient pas en fait) écrire sur Dakar qu’ils devaient  « quand même faire l’effort » de le faire. En ce qui me concerne, j’ai « fais l’effort » de penser à un sujet en lien avec Dakar et ce, pendant toute la durée de la formation. En vain. Pas qu’il n’y ait pas des choses à écrire sur Dakar mais les sujets auxquels je pensais étaient déjà pris (un peu trop inspirés ces blogueurs…). Le seul sujet qui me restait « le séjour des mondoblogeurs à Dakar », sujet que je pensais devait échoir tout naturellement aux Sénégalais, a été pondu par mon cousin Guinéen Alimou Sow. J’ai pensé écrire sur la diaspora Sénégalaise dans les pays d’où viennent les participants mais j’ai préféré exploiter cette idée sous un autre format…

Ecrire ou ne pas écrire sur Dakar ? Telle demeura la question.

Mon désarroi augmentait au fur et à mesure que les articles pleuvaient sur la plateforme. Les mondoblogeurs avaient envahi ma ville et racontaient de fort belle manière les choses qui les ont marqués : leurs déboires, leurs coups de cœur et coups de gueule ou tout simplement leur séjour. Je voulais bien écrire sur Dakar mais je n’avais que des sujets négatifs et toujours d’ailleurs. Je voulais écrire sur les talibés, les ordures, l’impolitesse des chauffeurs de cars rapides, l’indiscipline des Sénégalais mais là aussi après réflexion, j’ai zappé. Question de principe. Si je devais dire du mal du pays, je devais quand même attendre que nos invités rentrent. Quel citoyen qui se respecte ferait ça à son propre pays ? Critiquer pendant que d’autres en font l’éloge? Non ! Je me devais de résister à la tentation…

Enfin, un sujet !

Alors que je mis attendais le moins, un sujet s’immisçait et se matérialisait dans ma tête. La veille, je discutais avec Julien Pain à qui je demandais le sujet de son reportage à Dakar. A sa réponse, je me rappelais m’être résignée à ne jamais écrire sur « ce sujet ». Non pas par manque d’intérêt mais par faute d’angle intéressant et novateur vue la pléthore d’articles qui en parlent déjà. Mais dans la vie, il ne faut jamais dire jamais… A mon insu, mes neurones avaient travaillé et avaient (enfin) trouvé un angle intéressant pour écrire sur « ce sujet ». Le lendemain soir je croisais encore Julien Pain à la fête de départ aux petites pierres (pub gratuite) et lui balançais : je vais faire mon sujet sur le fait que tu fais un sujet sur « ce sujet ». (si vous pensez ne pas avoir bien compris, c’est normal).

Un sujet Oui, mais pas pour demain…

Trois jours après, j’avais rendez-vous avec l’équipe de l’émission – Julien, l’observateur et le cameraman – pour passer une demie journée avec eux et faire mon sujet sur eux faisant leur sujet sur « le sujet » que je ne nommerais pas (pour la bonne et simple raison que je ne sais pas si je peux). Une sorte de making off de l’émission. J’étais en train de me dire, dès demain, je balance moi aussi mon article et vlan ! Bah non, la première consigne que je reçu fut de ne pas publier mon article avant la diffusion du reportage… dans deux mois 🙁

Avec toute ma bonne volonté, mon enthousiasme et mon soulagement d’avoir enfin trouvé un sujet, je retournais à la case départ. Résultat : 10 jours après la formation Mondoblog, je n’ai toujours pas de sujet… enfin presque…

Faty


Carnet noir (suite et fin) : « Solima », la souillée

jeune fille avec enfant

Dans cette troisième et dernière partie du carnet noir, la narratrice accouche pour une seconde fois. Grâce à Binta, la matrone du village, son bébé pourra voir le jour. La narratrice a 14 ans lorsqu’elle est mariée de force au vieux Madior. Enceinte pour la seconde fois en moins de trois ans, elle endure une grossesse à risques empirée par les complications liées à l’excision  et à une mauvaise prise en charge médicale.

Binta, la matrone, l’avait dit et répété. Elle avait mis en garde maintes fois : une seconde grossesse pourrait être risquée. Elle ne s’était pas trompée et n’avait exagéré en rien. Dès la première semaine de grossesse, les complications étaient au rendez-vous : nausées, maux de ventre, maux de tête. Chaque jour était une lutte pour rester en vie.

Les décoctions de Fanta, la première épouse du vieux Madior n’avaient fait qu’empirer les choses. Normal. Ce qu’elle préparait n’était ni plus ni moins qu’un mélange infecte d’ingrédients que nul ne pouvait identifier sans compter la quantité non négligeable de postillons qui venaient « renforcer » les formules supposées mystiques qu’elle prononçait. Une fois cette décoction nauséabonde prête, elle devait être bue d’un trait. Je pense que Fanta avait trouvait là une belle occupation. Elle qui s’ennuyait tant de ses longues journées venait apparemment de trouver un nouveau sens à sa vie. Elle s’était auto proclamée « guérisseur » du jour au lendemain. À son âge, qui osait remettre en question le « pouvoir magique » de ses « potions » ? Personne.

Il fallait donc boire ses décoctions. Cet empoisonnement dura une éternité. Quelques semaines avant le terme de la grossesse, Binta, la matrone du village supplia le vieux Madior de louer un véhicule afin que l’accouchement puisse se passer à l’hôpital et non au poste de santé du village. Pingre qu’il est c’est une charrette qu’il loua. C’est donc sur une charrette, sur une route cahoteuse, sous un soleil de plomb que le voyage se fit. Atroce. C’est le seul mot qui me vienne à l’esprit pour décrire ce voyage interminable. Qu’est-ce qui était le plus dur ? La chaleur ? L’état de la piste ? La poussière inhalée à chaque souffle, ou cette douleur atroce qui tenaille si fort le ventre des femmes enceintes? Tout ! Sans doute.

Les langues de vipère du village l’ont une fois de plus accusée d’oiseau de mauvaise augure quand elle, Binta a annoncé une grossesse à risques et a voulu que l’accouchement se fasse dans un hôpital. C’est donc elle qu’on accusa lorsque ma mère vidée de tout son sang n’a eu d’autre choix que de mourir. Ma mère une fillette de 16 ans qui venait d’accoucher d’une autre fillette : moi. Je l’imagine souvent gisant dans son sang, éreintée, transit d’amertume, hurlant de douleur ….en voulant à cette folle de société qui marie ses fillettes et les laissent mourir en donnant la vie. J’imagine, je sens au fond de moi sa rage …et je l’entends supplier la matrone  Binta de prendre soin de moi, sa fille, pour que j’échappe à cette dictature des traditions.

Grâce à Binta, j’ai pu réaliser le rêve de ma mère, celui d’aller à l’école,  d’y rester et de réussir. Cela ne s’est pas fait sans difficultés mais j’y suis arrivée. Avec mon diplôme d’assistante sociale, j’encadre les filles du village afin qu’elles aient de bons résultats à l’école. Avec Binta et deux autres matrones du village voisin,  nous organisons  des causeries avec les filles, les parents ainsi que les chefs traditionnels et religieux afin qu’ils puissent ouvrir les yeux et reconnaitre les conséquences néfastes de ces pratiques traditionnelles. Toutefois comme tout processus de changement, il faut du temps et de la patience, il faut de la constance dans l’effort mais par-dessus tout il faut privilégier le dialogue plutôt que la confrontation.

Car même si certains continuent d’ignorer les conséquences dramatiques de ces pratiques sous le prétexte du respect des traditions et coutumes, d’autres par contre, commencent à remettre en cause leur bien-fondé. Ma belle-mère a rejoint cette catégorie tout dernièrement. À mon grand bonheur. Elle, une « vraie » Soninké comme elle aime à le rappeler avait tenté de s’opposer quand son fils a voulu m’épouser. Moi, une « solima ».

Chez les Soninkés, ce terme désigne une fille non excisée, donc une fille impure, une fille souillée. D’ailleurs, il est mal vu de manger un repas préparé par une « solima ». Pendant deux ans, elle a refusé de manger quand j’ai cuisiné. Mais à force de discussions et d’interventions, elle a fini par reconnaitre et même par avouer que les drames causés par les mariages précoces et pratiques telles que l’excision était un trop lourd tribu à payer au nom de la « préservation » de la fille. De même elle a reconnu que la stigmatisation et la discrimination constituaient des attitudes négatives à ne pas encourager.

Elle, la « gardienne des traditions » a donné l’exemple. Pour la première fois, après deux ans sous le même toit, elle m’appelait non pas « Solima », mais Mariama.

Faty.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Carnet noir (deuxième partie) : Mère Khoudja

jeune fille avec enfant

A 14 ans, la narratrice a été mariée de force au vieux Madior. Mère d’un petit garçon, elle doit subir la tyrannie de ses autres épouses. Dans cette deuxième partie, la disparition d’une voisine lui rappelle un souvenir très douloureux.

Ce matin, en faisant du feu pour le bain du vieux Madior, j’ai entendu des cris venant de la concession voisine. Mère Khoudja est morte.

C’est étrange, hier encore je passais devant elle. Elle était belle et bien vivante. Comme d’habitude, j’ai marché vite pour ne pas lui dire bonjour. C’est une tueuse. Peut être que pour une fois j’aurais dû… mais qu’est-ce que je raconte ? Je n’ai pas de remords. Non. Je ne suis pas triste d’apprendre qu’elle est enfin morte. Je ne suis pas la seule. Toutes les filles de mon âge auront sûrement la même réaction. Au fond de nous, on sait que sa mort, nous l’avons toutes tant souhaité. Enfin, il ne peut pas en être autrement.Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Toutes les filles de mon âge étaient rassemblées à la lueur de l’aube. Nous avions été informées la veille de notre départ dans les bois. Le jour même, une cérémonie a été organisée à la sortie du village. Mère Khoudja était là dans ses plus beaux habits. On ne pouvait pas la trouver jolie pour autant. Elle était dans nos plus horribles cauchemars. Dans son boubou trop amidonné, elle nous demandait tantôt de danser, tantôt elle nous intimait de répéter après elle des paroles incompréhensibles. C’était un rituel bien pénible. Surtout qu’on savait ce qui nous attendait. On détestait ce rituel mais on voulait qu’il dure le plus longtemps possible. On ne voulait pas aller dans les bois.

Nos sœurs ainées nous racontaient des histoires atroces sur ce que faisait la mère Khoudja aux filles. Mais nous devrions nous montrer braves pour ne pas faire honte à nos familles. Mon tour arrivait et se passait exactement comme dans mes cauchemars. J’étais tétanisée. Je la voyais arrivée avec son sang froid de vieille tueuse. Elle, flanquée de ses assistantes trop laides. Je ne peux même pas penser à un seul animal pour faire la comparaison. Elles sont plus laides que tous les animaux que je connaisse. Je suis sûre que Mère Khoudja les a choisies pour nous faire peur. Je me demande pourquoi personne n’avait pensé à les « purifier » elles aussi. Parce qu’elles disaient que tout ça s’était pour nous « purifier ». Mais toutes les filles de notre groupe étaient plus propres qu’elles. Nous on se lavait tous les jours. Même quand l’eau était froide. Ce n’est pas le cas pour ces laides.

Bon, il ne faut pas dire du mal des personnes mortes. Mais, je dois dire que je n’aimais par Mère Khoudja. Cela s’était mal passé pour moi. Elle a dû mal me couper je crois. J’avais perdu beaucoup de sang. Ça faisait très mal. Je n’ai pas crié. J’ai fermé très fort les yeux et j’ai mordu dans mon pagne. Après cette torture,  j’ai été malade pendant des semaines. Ma mère pensait que je n’allais pas guérir, mais Binta la matrone s’était bien occupée de moi. Elle m’a sauvée. Deux filles du groupe sont mortes dès qu’on les a coupées. Mère Khoudja a dû vraiment trop mal les couper. Je crois qu’elle ne voyait pas bien. Elle avait les yeux gris. Mère Khoudja a dit qu’elles étaient mortes parce qu’elles ne répétaient pas les paroles durant la cérémonie. Moi, je pense que la douleur était trop forte pour elles. En plus ces deux là, elles avaient vraiment peur du sang.

Depuis ma rencontre avec la vieille Khoudja dans les bois, j’ai mal. Et j’ai surtout mal quand le vieux Madior me touche. Peut être qu’avec le temps, j’aurais moins mal. Je ne sais pas. Les autres filles disent ça. Moi j’ai surtout eu mal quand le petit Issa, mon bébé qui est mort sortait de mon ventre. La douleur était terrible. Maintenant j’ai trop peur d’avoir un autre bébé. Binta la matrone a dit que je ne devrais pas avoir d’autres bébés. Ça peut être dangereux pour moi.  Le vieux Madior dit qu’il ne faut pas l’écouter. Elle est trop impolie.

En tout cas, je pense que c’est trop tard. Je crois que j’ai déjà un autre bébé dans mon ventre. Mais, maintenant que Mère Khoudja est morte, mon bébé si c’est une fille, elle ne sera pas coupée comme moi. Enfin je l’espère. J’espère surtout que mon bébé ne sera pas une fille. Je ne voudrais pas qu’elle regrette d’être née. Comme moi. Les garçons n’ont pas tous ces problèmes. Si ma vie est aussi dure, c’est juste parce que je suis une fille.

C’est vrai. Je repense à tout ce qui m’arrive et c’est la seule explication que j’ai. Si mes parents se sont débarrassés de moi en me donnant au vieux Madior, c’est parce que je suis une fille. Si, je n’ai pas eu la chance de rester à l’école, c’est parce que je suis une fille. Et enfin, si toutes les nuits, je dois supporter le poids de ce vieux Madior qui sent si mauvais, c’est aussi parce que je suis une fille.

Bon, il faut que j’arrête de penser à tout ça. Je vais voir Mère Khoudja. Pour la dernière fois, enfin.

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Le saviez-vous ? Le 6 février est la journée internationale de tolérance zéro face aux mutilations sexuelles féminines. Cette journée est observée pour faire prendre conscience des mutilations sexuelles féminines. Cette pratique touche près de 140 millions de filles et de femmes, et plus de 3 millions de filles y sont exposées chaque année.


Carnet noir (première partie) : Le vieux Madior

jeune fille avec enfantIl ne me demande jamais mon avis, d’ailleurs même si je disais ce que je pense, il me sermonnerait ou me frapperait. Selon son humeur du jour. Il passe son temps à me donner des ordres.  Je suis contente qu’il passe ses journées sous l’arbre à palabres avec les autres vieux du village. Mais ça ne change pas grand-chose. Tout le monde dans la maison a le droit de me donner des ordres. Je les déteste. Tous. Mais il ne faut pas que ça se voit. Je dois leur obéir.Je suis obligée de vivre avec cette famille. C’est mon père qui l’a décidé. Je n’ai pas voulu qu’on me donne en mariage au vieux Madior. Il sent mauvais. Je me suis enfuie deux fois depuis que je vis ici. Mais je ne peux plus recommencer. Je suis fatiguée d’être frappée à chaque fois que ma famille me ramène. Ses femmes sont méchantes, elles me crient dessus et me tapent. Ses enfants aussi. Ils sont plus grands et plus forts que moi. Je les déteste aussi. Fanta la première est aussi vieille que ma grand-mère. Elle pète tout le temps et me frappe aussi. C’est elle qui a dit que je devais arrêter d’aller à l’école. Je la déteste.

Moi je voulais être comme la matrone du village, Binta. Elle est jolie et tous les hommes du village la respectent. Personne ne lui donne d’ordres. Elle m’a dit que c’est grâce à l’école qu’elle est devenue matrone. Mais elle ajoute toujours qu’elle voulait devenir docteur mais elle a dû arrêter ses études. Ses parents ne voulaient pas l’envoyer à la capitale pour faire l’université. Elle pleure à chaque fois qu’elle dit ça.

Moi je ne sais pas pourquoi elle pleure. Moi je ne serais même pas matrone. Enfin je ne crois pas. Je ne sais pas comment je pourrais. Même si je le voulais, je n’aurais pas assez de temps. Je dois me réveiller à 5h du matin pour faire du feu et chauffer de l’eau pour le vieux Madior sinon il ne peut pas prendre sa douche. Et s’il ne le fait pas, il va encore sentir plus mauvais et je ne veux pas ça.

Après je dois balayer la concession, puis je dois préparer le petit déjeuner, et aller chercher l’eau au fleuve et c’est trop loin, vraiment. C’est ce que je déteste le plus. Quand je reviens je suis toujours épuisée mais je ne peux pas me reposer parce que je dois préparer le déjeuner. Le vieux Madior n’aime pas quand le déjeuner n’est pas près à l’heure. Il veut toujours manger avant la prière de 14 heures.

De toute façon, je n’ai pas le choix parce qu’il faut finir tôt pour commencer à piler le mil pour le dîner. Et je dois faire vite, parce que le vieux Madior doit dîner tôt. Après il faut que j’aille me préparer si c’est mon tour de dormir dans sa case. Quand ce n’est pas mon tour, je peux laver mes habits et passer un peu de temps avec mon bébé.

Enfin c’est ce que je faisais jusqu’à hier. Mais depuis hier ce n’est plus possible. La troisième femme de Madior a trouvé mon bébé qui ne respirait plus. C’est vrai qu’il était très malade. Il ne jouait plus beaucoup depuis 3 jours. La matrone a dit qu’il avait une infection. J’avais dis au vieux Madior que le bébé était malade mais il n’a rien fait. Moi aussi je ne savais pas quoi faire. Je pensais l’amener chez ma mère mais il n’a pas attendu. Il n’a plus voulu respirer. Je suis triste qu’il soit mort. J’aimais bien jouer avec lui. Il était si drôle. Le vieux Madior a dit c’est pas grave, je n’ai que 14 ans. Il a dit que je vais faire d’autres bébés mais…

Bon, je dois aller me coucher, le vieux Madior m’appelle.

Bonne nuit.

La suite de cette histoire est à retrouver ici.

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Cette histoire est fictive mais c’est la triste réalité de dizaines de milliers de filles en Afrique. Selon une étude de Plan (rapport BIAAG 2011), dans 47 des 54 pays africains, les filles ont moins de 50% de chance de moins que les garçons d’accéder au secondaire. Dans les pays comme le Bangladesh, la République Centrafricaine, le Tchad, la Guinée, le Mali, et le Niger plus de 60% des femmes sont mariées ou en concubinage avant leurs dix-huitièmes anniversaires.

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Une pensée à toutes les filles qui devraient jouer à la poupée et qui sont, malgré elles, des mamans.

Faty Kane


Puisse le sort nous être favorable!

Ban Ki Moon

Elle avait 23 ans, violée sauvagement et battue par six hommes dans un bus à Delhi, cette étudiante qu’on surnomme désormais « la fille de l’Inde », est décédée ce 29 décembre 2012 des suites de ses blessures. Le pays est en émoi, l’indignation est à son comble. Des foules en colère crient justice pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles. L’affaire fait le tour du monde.

Quelques mois auparavant, c’est une autre fille qui fait la une des journaux. Malala Yousafzai, 14 ans, devenue le symbole de l’éducation des filles au Pakistan mais aussi dans le monde. Elle n’a que onze ans lorsqu’elle commence à animer un blog pour dénoncer les abus des talibans et pour défendre le droit à l’éducation des filles. Le 9 octobre 2012, en sortant de son établissement, elle est victime d’une tentative d’assassinat par les talibans. Chanceuse, elle échappe à la mort…

 

La liste est loin d’être exhaustive

Une femme sur trois sera victime de violence domestique au moins une fois dans sa vie (source : ONUFemme); 130 millions de filles et de femmes sont excisées chaque année dans le monde ; en France Une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint ; en Inde, les filles représentent 90% des filles abandonnées sur la base de préjugés anciens qui font de la naissance d’une fille un déshonneur ; En Afrique du Sud, une femme est violée toutes les 26 secondes ; Au Ghana, les hommes gagnent 31% de plus que les femmes en milieu urbain et 58% de plus que les femmes en milieu rural (source : FAO). Etc. Etc. Etc.

Nous sommes des dizaines de milliers à subir quotidiennement toutes formes de violences : physique, sexuelle, morale, économique, etc. juste parce que nous sommes des filles et des femmes. Nous sommes autant de ‘‘tributs’’ sacrifiés sur l’autel de la discrimination, de l’inégalité, de l’injustice, des attitudes sexistes, d’une mauvaise interprétation de la religion, de croyances et pratiques sociales et traditionnelles négatives et j’en passe.

Une lueur d’espoir

Les cinquante dernières décennies ont vu des avancées considérables de la condition féminine : le droit de vote, l’accession à des postes de responsabilité, le vote de lois et politiques touchant le mariage, le divorce, le rôle parental, la garde des enfants, le droit à la propriété etc. Alors essayons d’imaginer ce qui peut être fait dans les années à venir si les mêmes efforts qui ont conduit à ces avancées sont sécurisés et renforcés. L’attribution des rôles et responsabilités entre hommes et femmes peut changer et change à travers le temps car not attitudes, pratiques et croyances ne sont rien d’autres que les résultats d’un construit social. Le regard porté sur la femme évolue. Lentement mais surement.

La preuve :
Une femme, Park Geun-hye, vient d’être fraîchement élue première femme présidente de Corée du sud. Elle rejoint ainsi quelques autres femmes Chef d’État comme la chancelière allemande Angela Merkel, la Brésilienne Dilma Rousseff, la présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner ou encore la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf.

En dehors du champs politique, on peut aussi citer des femmes puissantes de par leur position, telle que la directrice du FMI, Christine Lagarde, Mireille Balestrazzi, première femme à la tête d’Interpol, Marissa Mayer la PDG de Yahoo qui annonçait dans la foulée de sa nomination qu’elle attendait un petit garçon. (Juste pour dire que carrière professionnelle et vie de famille peuvent parfaitement aller de pair !).

Mais le chemin est encore long

Ces exemples donnent de l’espoir certes mais ils ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan. Les femmes ne dirigent pour l’instant que moins de 20 pays sur un total d’environ 200 et les femmes dirigeantes de grands groupes/ institutions ou occupant des postes de responsabilité politique se comptent toujours sur les doigts de la main. En effet, ces exemples sont quasi insignifiants comparés à l’ampleur des inégalités entre les femmes et les hommes, en particulier dans les pays en développement et dans en milieu rural de manière plus spécifique.

Lutte et survie

Toutefois force est de reconnaître que les nombreuses actions entreprises en faveur de l’autonomisation des femmes et du respect de leurs droits contribuent à porter un nouveau regard sur le statut et le rôle de la femme dans nos sociétés. D’où la nécessité de redoubler d’efforts pour la promotion et la défense les droits des filles et des femmes.

En attendant de voir se réaliser cet idéal, je nous souhaite à toutes, pour cette année nouvelle et celles à venir, un meilleur sort !

Faty


Coumba au pays des merveilles


Brésiliennes, mexicaines et maintenant indiennes et même chinoises, les télénovélas polluent nos écrans et ont l’art de nous (pas tous) abrutir à souhait. Consciemment ou inconsciemment d’ailleurs. Et pour cause, ces séries nous transportent dans une vie imaginaire, d’amour idyllique, de jeunes riches oh à quel point beaux, avec des filles belles, sexy et qui font tout ce qu’elles veulent !

Des années durant, le suspens est maintenu, distillé à coups de rebondissements aussi idiots qu’invraisemblables. Mais que dis-je ? C’est bien là le but du jeu non ? Rendre accroc, faire rêver…  Qu’à cela ne tienne ! Les téléspectateurs en ont envie. C’est donc doucement mais sûrement qu’ils sont entrainés au pays des merveilles, là où la fameuse Alice a élu domicile. Là où les hommes sont tous (à l’exception des méchants) beaux, riches, gentils, attentionnés, bien coiffés et avec une parfaite manucure. Satanée Alice !

Petit inventaire

Rose sauvage, Chikinia gonzaga, Rubi (j’avoue, j’ai adoré cette série), India love story, Beverly Hills, Melrose place, et plus récemment Vampires Diary et Gossip girl ! Ces séries américaines concernent une autre catégorie de la population mais ses effets sur son public sont tout aussi ravageurs.

Aussi abrutissantes et idiotes (les degrés diffèrent d’une série à une autre) que nous savons qu’elles sont, nous avons tous regardé ou au moins une fois, jeté ne serait-ce qu’un coup d’œil à l’une de ces séries. N’est-ce pas ? Là où se trouve la différence c’est le recul que nous pouvons avoir ou non par rapport à leur contenu. Si certains regardent pour passer le temps, d’autres par contre deviennent accrocs et vont jusqu’à s’identifier à leur héro(ïne) et à la vie de ce(tte) dernier(e).

Quand la fiction se mêle à la réalité

Résultat des courses : des filles qui se prennent pour Blaire Waldorf de Gossip Girl, se transforment en Lolita (maquillage, look ultra sexy, sexualité précoce) et des garçons qui sont devenus des fashion victims et à qui ils ne manquent que le poudrier Dior-pour-Homme pour compléter leurs accessoires. Des ados qui passent leur temps à rêvasser de strass et de paillettes, courent derrière des amis riches, roulent des rrrrrr, se font des smack à tout va, se font la bise 10 fois dans la même journée, s’appellent par des surnoms ridicules, passent leur temps à s’exhiber sur Facebook et à fantasmer sur les sites des « people »… la liste est loin d’être exhaustive.

Dans la catégorie que je viens de décrire, nous trouvons surtout les adolescent(e)s des milieux urbains. Ce groupe, hélas, n’est pas le seul « contaminé » par les effets néfastes des télénovelas et autres séries américaines. Des sujets plus âgés issus de diverses catégories socioprofessionnelles sont aussi concernés. Certains trentenaires et même quarantenaires sont atteints. Mais c’est quand même chez les ados que le phénomène fait le plus de ravages. D’ailleurs je n’écris pas pour critiquer mes cadet(e)s et pairs mais en tant qu’ancienne « victime » (mon cas n’était pas critique nak), c’est avec une grande humilité que je rédige ces lignes.

Vivons notre réalité

Les personnes pour lesquelles ce genre de vie est réalité (il y en à Dakar et il ne faudrait pas leur en vouloir… bon disons pour ceux dont les parents ont gagné dignement leur argent) tant mieux. Pour les autres, acceptez que vous ne fassiez pas parti de ce milieu. Vivez votre réalité et basta. Il n’y a aucune honte si vous n’avez pas de quoi allez faire du shopping tous les weekends, si vous n’avez pas la permission pour aller à la teuf du quartier ou pour acheter la nouvelle paire de ballerine Guess. Ceci n’est la réalité que pour une minorité surtout dans un pays pauvre comme le nôtre.

Mettez à profit toutes ces heures passées à rêvasser pour penser à votre avenir. Il y aura toujours des teufs, toujours de belles chaussures, de belles robes, des restaurants tendances, des endroits branchés où vous pourrez aller vous éclater. Si vos amis d’aujourd’hui dans 5 ou 10 ans roulent en BMW alors que vous n’avez pas le moindre sou en poche (car vous séchiez les cours et faisiez la teuf), rien de tout cela ne vous intéressera. Au contraire, vous allez être malheureux au point que vous irez vous cacher pour vous faire oublier tellement vous ne sauriez pas où vous mettre. Pis d’ailleurs pourquoi se forcer ? Pourquoi singer des comportements, des attitudes, des gestes, du vocabulaire qui ne sont pas les nôtres ? Pourquoi vouloir vivre comme dans Gossip Girl ? Beverly Hills ? Pourquoi essayer de ressembler à Rubi ?

Soyons heureux dans la simplicité

Ne sous-estimons pas les moments de bonheur passés à la plage juste avec une natte et du thiaf (arachides grillés) ou les après-midi passés dans le quartier à l’ombre des arbres entrain de faire du ataya (thé). Pourquoi préférer ces moments à des heures perdues dans des endroits où toute notre épargne ne pourrait acheter au mieux que le ticket d’entrée ? À quoi bon aller perdre son temps à faire du lèche-vitrine au sea plazza pour prendre des photos, payer un coka que l’on sirote pendant 2 heures pendant que l’on texto tous ses ami(e)s pour leur demander où ils sont juste pour pouvoir dire : « Lol. Tu sors pas puce ? Moi suis au sea plazza en face de l’océan, entrain de siroter mon Coka. xoxoxo ».

Texto auquel Coumba répondra par : « J’ai pas envie de sortir ce soir, j’ai le blues… je préfère rester devant la télé regarder l’incroyable famille Kardashian. Au fait tu savais que Kim sort maintenant avec Kanye West. Ohhhh my Gosh que j’aurais aimé être à sa place xoxoxo ».

Je vous laisse imaginer la suite de la discussion…

Faty


Sénégal : Lorsque le Droit à la mort se substitue au Droit à la santé

Je viens de voir un rat ! Je viens de voir un rat sortir d’une chambre ! Après ces paroles, je pensais provoquer l’état d’urgence à HOGGY (Hôpital Général de Grand-Yoff) ou tout au moins la surprise générale mais rien. Je pensais que le petit groupe d’accompagnants qui était devant moi serait choqué. Ils sont restés de marbre. Leur réaction eu l’effet d’un calmant. Mon cœur a retrouvé une cadence normale, mon souffle aussi, mes pupilles reprenaient leur taille habituelle et bientôt je n’était plus cet animal surexcité qui avait vu cet horrible chose. Je n’étais plus que moi même, une Sénégalaise consciente que bel et bien un rat gros comme ça peut se promener comme bon lui semble dans un hôpital à Dakar.

Alors pourquoi étais-je choquée ? La réalité de la chose sans doute. Il se raconte des histoires surréalistes sur l’état des hôpitaux dans ce pays mais il faut le voir pour y croire. C’est seulement à ce moment là que des questions d’ordre logique vous viennent à l’esprit : Comment se fait-il que dans un endroit où l’on accueille des malades que des insectes s’y promènent ? Comment se fait-il que l’on se fasse piquer par plus de moustiques dans une chambre d’hôpital que chez soi ? Comment se fait-il que les toilettes ne soient pas propres ? Que les lumières soient inexistantes ? Ou tout simplement en une question : Comment se fait-il que la plupart de nos hôpitaux soit si mal entretenus ?

De deux choses l’une : 1) Où l’Etat s’en fout et laisse faire et dans ce cas cela veut dire il n’a aucun respect pour la santé de sa population où 2) Tout le monde dans ce pays pense que c’est normal qu’un hôpital soit sale et infesté de toutes sortes d’insectes, de rampants et de rongeurs.  Je pencherai plutôt pour la violation consciente du Gouvernement envers notre droit à la santé. Ceci n’est pas une accusation gratuite, ce non respect de notre droit à la santé se vérifie tous les jours.

Nos hôpitaux sont de vrais cimetières. Si ce n’est pas la saleté qui vous tue, c’est l’attitude insolente et écœurante de certain-es infirmier-es qui le feront. À défaut vous pouvez compter sur l’incompétence de certains médecins pour abréger vos jours. Si vous pensez que vous n’êtes pas assez malchanceux pour que tout cela vous arrive, contentez-vous de vous présentez à l’hôpital sans-le-sou. Dans ce cas de figure, vos chances de mourir augmentent considérablement et vous avez toutes les chances de trépasser, à votre guise.

Et si jusque là, vous restez pessimiste sur vos chances de mourir, allez donc faire un tour dans les villages. Ces contrées lointaines que l’on ne visite que pour distribuer promesses et cartes électorales…

Toujours en vie mon pote ?


……..
………….

On dirait que Non… et c’est bien ce que je disais…

Pour finir alors, je profite de ce vendredi 19 octobre 2012, où l’on célèbre le centenaire de l’hôpital Le Dentec, pour vous inviter tous à avoir une pensée pour toutes ces femmes qui meurent en couche chez elles, sur une charrette, ou dans une case de santé où il n’y a même pas de premiers soins. Une pensée aussi à tous ces malades qui jonchent les couloirs des hôpitaux, ou qui sont terrés chez eux souffrant dans le silence parce qu’ils n’ont pas de quoi payer leurs soins.

Vivement la couverture maladie universelle au Sénégal.

Faty.


Dakar, ma ville

 Ville sympathique
Cité angélique,
Métropole cosmopolite
aux ambiances éclectiques
Dakar, presqu’île au relief magnifique
A la statue fantastique

…Mais sous ses airs idylliques,Dakar est une belle diabolique
Dakar, cette ville bordélique
Capitale d’un pays anarchique
Cette ville merdique,
Que dis-je cette poubelle publique
Est loin d’être idyllique…

Dakar est une malade chronique :

  • Un mirage économique
  • Un scandale écologique
  • Pire. Dirigée par des comics

Oui un mirage économique
Demande surtout au personnel domestique,
Qui pour la plupart est payé en dessous du SMIC
Exode rural,
Conditions infernales
Réalité hélas, banale.

Scandale écologique
Disparue notre corniche magnifique…
Pour la voir de près,
Faudra franchir des portes vitrées
Payé 5,000 balles un verre de coca
Affronté le regard hagard du serveur payé
Le prix d’un dîner en amoureux dans le resto situé de l’autre coté…

Bienvenue au paradis des autres…
Au paradis des gens chics
Ceux là loin des péripéties de cette ville pathétique

Qui je disais, dirigée par des comics
Qui n’ont pas l’air de remarquer
Les tas d’immondices et l’odeur fétide de la pisse
Ce qui nous vaut autant de « défenses de d’uriner » sur les murs de la ville

Bienvenue à Dakar la toxique !
En plus de cette forme de pollution, faut s’habituer à celle sonore
Mais celle là faut la taire par contre, tabou national oblige…

Dakar cette ville où l’on se passe de feux rouge
Ce n’est pas un problème tant qu’on connaît le code de la main…
Source de tant d’accidents
Entre cars rapides, ndiaga ndiaye et autres taxis
Les piétons à Dakar sont des éternels survivants

C’est pas facile quand on vit avec des voitures volantes
Un piéton à Dakar est une âme en sursis
Façon, Dakar va de mal en pis

Le pire, c’est qu’on s’en fout, alors tant pis
Tant pis si le pris du loyer augmente,
Tant pis si les accidents tuent de plus en plus
Tant pis si l’on profite de la corniche de moins en moins

L’essentiel pour le Dakarois, c’est d’habiter à Dakar
Que la ville se dégrade, que nos quartiers s’inondent
L’essentiel c’est d’être à Dakar
Peu importe si l’on souffre, l’on déprime,

On endure et on supporte
On est et on aime être à Dakar
Saint-Louis, Thiès, Fatick, Louga, Tambacounda
Ce n’est pas qu’on aime pas nos villes natales
C’est juste que y’a pas grand chose à faire

Que faire dans ces villes qui fonctionnent à 2 à l’heure ?!
Tout se trouve à Dakar, tout se fait à Dakar
Alors il faut être à Dakar… ville magnifique, angélique, au monument fantastique

Cette ville idyllique où beaucoup viennent avec du yakar (espoir)
Mais ne trouvent que du nakhar (peine)

J’aurai aimé terminer sur une note sympathique
Mais il m’es difficile de ne pas être sceptique,
Je suis à l’image de cette ville,
Cynique.

Faty

 

 

 

 

 

 


Veux-tu m’épouser ?

Aussi banale qu’elle puisse paraître, cette question n’a fait son entrée dans le lexique Sénégalais  que récemment. En effet, cela n’a pas toujours était ainsi. La demande en mariage a bien évolué dans notre société et si vous voulez mon avis, c’est tant mieux !

À l’époque de nos arrières grand-parents, 

Il était ‘‘simple’’ de se marier. À cette époque, un homme qui voulait se marier n’avait qu’à se rendre dans une famille et tenir le langage suivant au Chef de famille : Je cherche une épouse, pourriez vous m’indiquer laquelle de vos filles je peux marier ? Le Chef de famille faisait alors un rapide inventaire dans sa tête et faisait part de son choix au futur époux. Tu cherches une femme ? En voilà une !  Simple non ?!

Passons à la génération suivante, celle de nos grand-parents :

À cette époque, un homme désireux de se marier, n’allait pas dans n’importe quelle concession. Non. Il allait là où il avait déjà identifié une fille qui lui plaisait plus ou moins… Le désireux-de-se-marier arrivait et tenait le langage suivant au Chef de famille : je cherche une épouse, j’ai pensé que votre fille Astou me conviendrait, je viens demander sa main. Le papa se félicitait du choix porté sur sa fille Astou et donnait son accord. Tu veux Astou ? Voilà Astou ! Là encore simple comme tout.

Arrive la génération de nos parents.

Pas question pour les filles (pas toutes) d’attendre qu’on vienne les prendre… par hasard. Et si cela devait arriver, pas question d’accepter sans broncher – au moins. Les hommes (pas si bêtes que ça) ont senti le vent tourné… Devant le risque d’une humiliation (obtenant la fille qu’après forcing), les hommes se sont adaptés. De manière subtile, ils prenaient soin de faire comprendre à leur ‘‘choix’’ leurs intentions avant la visite chez les parents. Selon la réaction de la fille, ils  poursuivaient leur entreprise ou y renonçaient (pour les intelligents bien entendu).

Qu’en est-il de nous autres ?

Nos parents (pas tous) et ancêtres se mariaient pour fonder une famille et cette considération primait sur tout le reste. Aujourd’hui avec notre génération (ceux qui sont nés après 80), on ne peut pas en dire autant…

À cheval entre tradition et modernité, notre génération a reçu une éducation assez confuse. Nos parents nous ont inculqué un esprit critique, indépendant et ouvert – privilégiant ainsi (de manière inconsciente ou non) notre réussite professionnelle et sociale, reléguant au second plan les traditions dont ils ne font référence que de manière ponctuelle ou partielle… Personne n’est à blâmer, les intentions étaient bonnes. Pis, qui peut échapper à l’évolution du monde ?

Personne.

En effet autant les hommes que les femmes ont vu leur vision du mariage évoluée et avec elle leurs exigences sur le choix de leur partenaire. Rien d’anormal, l’être humain évolue, c’est inhérent à son espèce. Les hommes qui avaient jusque là le monopôle des sentiments, ont vu ceux des femmes s’exprimer, s’affirmer et s’imposer. Les femmes exigeaient désormais que leurs sentiments soient pris en considération au même titre que ceux des hommes.

Nous entrons dans l’ère de la demande en mariage telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’homme commence à demander, non pas aux parents mais à la concernée si elle veut bien de lui.

Sauf…

Ceux qui refusent de se résigner à cette nouvelle réalité et qui persistent encore à vouloir se marier sans le consentement de leur future épouse. Cette dernière catégorie hélas, compte encore un bon nombre d’adeptes dans notre société et trouvent chez certains parents, des alliés de taille. C’est à cette catégorie particulière que je pense en rédigeant ces lignes. Pour autant je ne vais pas m’adresser à eux (ils n’en valent pas la peine) mais à leurs victimes potentielles :

À toutes celles qui font encore l’objet de pression (sociale, traditionnelle, culturelle, financière…) pour épouser un tel ou un tel que vous n’aimez pas et n’aimerez jamais de votre vie, exigez d’entendre de leur bouche Veux tu m’épouser ?

… afin que vous puissiez avoir la liberté mais surtout le plaisir immense de leur dire NON, NON et NON.

D’ici là, bon courage à toutes !

Faty