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Sénégal : Lorsque le Droit à la mort se substitue au Droit à la santé

Je viens de voir un rat ! Je viens de voir un rat sortir d’une chambre ! Après ces paroles, je pensais provoquer l’état d’urgence à HOGGY (Hôpital Général de Grand-Yoff) ou tout au moins la surprise générale mais rien. Je pensais que le petit groupe d’accompagnants qui était devant moi serait choqué. Ils sont restés de marbre. Leur réaction eu l’effet d’un calmant. Mon cœur a retrouvé une cadence normale, mon souffle aussi, mes pupilles reprenaient leur taille habituelle et bientôt je n’était plus cet animal surexcité qui avait vu cet horrible chose. Je n’étais plus que moi même, une Sénégalaise consciente que bel et bien un rat gros comme ça peut se promener comme bon lui semble dans un hôpital à Dakar.

Alors pourquoi étais-je choquée ? La réalité de la chose sans doute. Il se raconte des histoires surréalistes sur l’état des hôpitaux dans ce pays mais il faut le voir pour y croire. C’est seulement à ce moment là que des questions d’ordre logique vous viennent à l’esprit : Comment se fait-il que dans un endroit où l’on accueille des malades que des insectes s’y promènent ? Comment se fait-il que l’on se fasse piquer par plus de moustiques dans une chambre d’hôpital que chez soi ? Comment se fait-il que les toilettes ne soient pas propres ? Que les lumières soient inexistantes ? Ou tout simplement en une question : Comment se fait-il que la plupart de nos hôpitaux soit si mal entretenus ?

De deux choses l’une : 1) Où l’Etat s’en fout et laisse faire et dans ce cas cela veut dire il n’a aucun respect pour la santé de sa population où 2) Tout le monde dans ce pays pense que c’est normal qu’un hôpital soit sale et infesté de toutes sortes d’insectes, de rampants et de rongeurs.  Je pencherai plutôt pour la violation consciente du Gouvernement envers notre droit à la santé. Ceci n’est pas une accusation gratuite, ce non respect de notre droit à la santé se vérifie tous les jours.

Nos hôpitaux sont de vrais cimetières. Si ce n’est pas la saleté qui vous tue, c’est l’attitude insolente et écœurante de certain-es infirmier-es qui le feront. À défaut vous pouvez compter sur l’incompétence de certains médecins pour abréger vos jours. Si vous pensez que vous n’êtes pas assez malchanceux pour que tout cela vous arrive, contentez-vous de vous présentez à l’hôpital sans-le-sou. Dans ce cas de figure, vos chances de mourir augmentent considérablement et vous avez toutes les chances de trépasser, à votre guise.

Et si jusque là, vous restez pessimiste sur vos chances de mourir, allez donc faire un tour dans les villages. Ces contrées lointaines que l’on ne visite que pour distribuer promesses et cartes électorales…

Toujours en vie mon pote ?


……..
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On dirait que Non… et c’est bien ce que je disais…

Pour finir alors, je profite de ce vendredi 19 octobre 2012, où l’on célèbre le centenaire de l’hôpital Le Dentec, pour vous inviter tous à avoir une pensée pour toutes ces femmes qui meurent en couche chez elles, sur une charrette, ou dans une case de santé où il n’y a même pas de premiers soins. Une pensée aussi à tous ces malades qui jonchent les couloirs des hôpitaux, ou qui sont terrés chez eux souffrant dans le silence parce qu’ils n’ont pas de quoi payer leurs soins.

Vivement la couverture maladie universelle au Sénégal.

Faty.

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Auteur·e

fatykane

Commentaires

Ameth DIA
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Qui n'a pas une fois entendu les histoires sordides que l'on raconte sur nos hôpitaux?
La façon dont les patients sont traités. Parfois on en arrive même à le banaliser et c'est vraiment dommage.
Bravo pour cet article

Faty Kane
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Merci Ahmet! Mais faut dire que "nous" ne faisons rien pour changer cela aussi...